De haut bord : Coeur d'acier

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Premier tome d’une trilogie nommée « De haut bord », ce cycle de space opera écrit par H. Paul Honsinger et édité chez l’Atalante a attiré mon attention. En fait, j’ai d’abord attendu d’avoir les trois tomes avant de lire le premier. Sans doute parce que la quatrième de couverture faisait référence à des cycles comme Honor Harrington et La flotte perdue. N’est pas David Weber ou Jack Campbell qui veut. C’est le genre d’argument de la part de l’Atalante qui ne m’incite pas à donner la priorité à ce cycle de SF, même s’ils éditent ces deux cycles.

Cœur d’acier, c’est le premier tome d’un space opera qui se passe en 2315. La séquence d’ouverture donne le ton en présentant un abordage spatial. Le lecteur est directement mis dans le bain et se retrouve dans un space opera aux allures militaires. On suit Max Robichaux qui vient d’être promu capitaine de corvette et reçoit le commandement d’un destroyer nommé Cumberland. C’est un vaisseau relativement récent dont le commandant précédent était un vrai tyran. Robichaux hérite d’un vaisseau dont l’équipage est plus habitué à astiquer les cuivres qu’à combattre. Il découvre rapidement que l’équipage manque d’entrainement, que celui-ci doit faire ses preuves au combat. Robichaux doit donc motiver ses hommes pour qu’ils forment un bon groupe. La mission du Cumberland, c’est d’aller en territoire ennemi pour saboter et détruire le trafic spatial. En somme, jouer les pirates. Pour éviter le combat, certains membres d’équipage préparent un sabotage. Le vaisseau a fui le combat à deux reprises. Une partie de l’équipage se drogue, car trop stressé. Ce qui entraine des réactions trop lentes lors de phases importantes. On assiste à une restauration du matériel, comme le retour de la machine à café dans le carré des officiers. C’est très important pour le moral ! Il y a des éléments qui m’ont profondément dérangé dans ce livre. Par exemple dans la guerre que l’Union de la Terre et des mondes colonisés mène contre les Krags, il y a eu dans le passé un virus qui a tué la majorité des femmes (mais pas toutes). Donc, les équipages sont uniquement constitués de personnes du sexe masculin. Il y a des cadets à bord, âgés d’une dizaine d’années qui s’entrainent avec des couteaux. On a l’impression que ce livre est écrit pour une histoire qui se passe au XVIIIe ou XIVe siècle, à bord de grands navires à voile. Jack Aubrey a certainement influencé l’auteur, ce qui ne devait pas être le cas pour Horatio Hornblower. C’est trop facile d’éliminer la gent féminine, à croire que l’auteur est misogyne. Peut-être n’a-t-il jamais vu un épisode de Star Trek où l’équipage est constitué des deux sexes ? La première rencontre avec un vaisseau extraterrestre fait comprendre que le Cumberland n’a rien de dangereux pour une race largement supérieure aux humains. C’est donc par le dialogue que Robichaux parvient à continuer sa mission. Un peu plus tard, son destroyer arraisonne un vaisseau qui a dans ses soutes une vingtaine de tonnes d’or. Oh miracle, on est riche ! Je pensais que dans l’avenir la technologie avait plus de valeur que des métaux. Autre curiosité de ce space opera, c’est la modification de la silhouette du Cumberland avec des pièces contenues dans ses soutes. Alors que le destroyer navigue à une fraction de la vitesse de la lumière, l’équipage va lui ajouter des excroissances en métal et en bois. D’abord la vitesse… Je peux imaginer que certains travaux sur la coque se faisaient sans arrêter le navire. Mais ici on ne navigue pas à quelques nœuds comme au XVIIIe ou XIVe siècle, mais à des vitesses relativistes. Ensuite… C’est un vrai magasin ce navire, le Brico du coin. On y trouve du bois, comme s’il y avait une forêt juste à côté. Ce qui m’incite à penser que ce livre a d’abord été écrit pour la marine à voile d’il y a deux ou trois siècles et a été transformé en livre de science-fiction. Un destroyer qui se paie le luxe de détruire un cuirassé ! Encore une absurdité qui était possible à l’époque de la marine à voile, où à bord d’un cotre les pirates pouvaient s’emparer d’un galion. Oui, mais à technologie égale, un destroyer ne détruira jamais un cuirassé, sauf dans le cycle Honor Harrington ! Oui, mais David Weber explique dans ses romans comment y arriver. Ici, c’est un peu simpliste.

Cela reste un livre qui se lit facilement, mais qui ne joue pas dans la même catégorie que Honor Harrington ou La flotte perdue. Trop d’invraisemblances dans ce premier tome. Je n’envisage pas de lire la suite. Peut-être, que d’autres lecteurs auront un avis différent du mien.

 

De haut bord : Cœurs d’acier, H. Paul Honsinger, L’Atalante, 460 pages, 2016, illustration Gene Mollica

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