Crimes parfaits et imparfaits


Le crime parfait existe-t-il ? On pourrait toujours imaginer un individu tuant, assassinant quelqu’un avec lequel il n’a aucun lien. Mais ne parviendrait-on pas à remonter quand même jusqu’à lui ?

Le crime imparfait semble plus probable. Et c’est ce que s’est dit Louis C. Thomas, à qui j’ai emprunté le titre de l’un de ses recueils de nouvelles pour cette chronique.

Au fil de ses nouvelles, il décline les probabilités ou les improbabilités du crime parfait.


Pour Hitchcock, le crime ne peut être que presque parfait. Car il suffit parfois d’une paire de ciseaux pour que les rouages les mieux étudiés se grippent. Et alors, adieu impunité. Le crime parfait ne serait donc pas une science exacte, et devrait beaucoup au hasard. À moins que ce ne soit à l’instinct de conservation des victimes.


Avec « Caveau de famille » du pape du polar Michel Lebrun, on y arrive pratiquement à ce fameux crime parfait. Encore que… pas vraiment quand celui-ci se mue en roman policier et qu’il tombe entre les mains d’un commissaire à la retraite, qui s’est occupé jadis d’une affaire très similaire à celle de l’intrigue… Quand je vous disais que le hasard a quand même sa part à jouer ! Car le commissaire de police remonte la piste en lisant le roman, et parvient au coupable. Oui, mais, après tant d’années…

Le crime pourrait être parfait en se plaçant du côté de la victime. Ainsi, dans le roman de Georges J. Arnaud, « Tel un fantôme », une épouse frustrée met-elle en scène son propre assassinat, et sa disparition au fond d’une chaudière, pour faire accuser son mari. Et ça marche ! Seulement, même vu du côté de la victime, un crime parfait peut tout aussi bien devenir imparfait, et c’est sans doute le message de cet admirable roman de Arnaud.


Arnaud

Pour Albert Pigasse, le créateur de la collection du Masque, il ne pouvait y avoir de crime parfait, car il estimait qu’un criminel devait toujours être puni, ou au moins se suicider. Il ne pouvait y avoir de crime impuni. Il est vrai que d’un plan strictement moral, on ne devrait avoir affaire qu’à des crimes imparfaits. Mais les littératures de l’imaginaire sont aussi celles de l’audace, alors transgressons les interdits, ou du moins tentons de le faire !

Pour ce thème :

- « Crimes parfaits et imparfaits » de Louis C. Thomas - Denoël.

- Le DVD du film « Le crime était presque parfait » d’Alfred Hitchcock.

- « Caveau de famille » de Michel Lebrun - J‘ai Lu.

- « Tel un fantôme » de Georges J. Arnaud - Fleuve Noir.

Et en bonus, pour vous prouver que l’on peut écrire une histoire de crime parfait en utilisant un moyen peu orthodoxe, en l’occurrence une séance de spiritisme, lisez « Le bol de lait » en cliquant ci-dessous :

http://patricksvast.hautetfort.com/archive/2007/03/05/le-bol-de-lait.html

Juillet 2007