Solo

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On le sait peu, mais depuis la disparition de Ian Fleming en 1964, les aventures littéraires de James Bond ne se sont jamais vraiment arrêtées. Entre les novélisations, les aventures originales sous la plume de John Gardner ou encore Raymond Benson ou les aventures du jeune James Bond écrites par Charlie Higson, les ayants droits de Fleming n’ont jamais cessé d’entretenir, avec des fortunes diverses il faut l’avouer, l’héritage bondien.

Dernières tendances en date : offrir à des auteurs installés, la possibilité de se frotter au personnage presque selon leur bon plaisir. Après Sebastian Faulks (aux limites du pastiche), Jeffery Deaver (pour un roman nerveux, moderne, clairement sous l’influence du Bond cinématographique), c’est au tour de William Boyd de tenter l’aventure.

Auteur britannique de renom, Boyd décide de placer « Solo » dans la continuité chronologique des aventures écrites par Fleming. Il propose ainsi une aventure située à la fin des années 60, alors que James Bond célèbre ses quarante-cinq ans. Envoyé dans un pays africain fictif, le Zanzarim, pour mettre fin à une guerre civile, Bond se retrouve piégé par des rebelles et comprend que dans ce monde en pleine mutation, la ligne qui sépare du bien du mal est quelque peu trouble. Les idéaux s’écroulent peu à peu face aux valeurs sonnantes et trébuchantes et le héros de la Guerre Froide a quelques difficultés à trouver ses marques.

William Boyd se glisse ici avec une aisance étonnante dans les pas de Fleming, avec un style épuré et direct, des situations tendues comme des cordes de guitare et une description passionnante des enjeux géopolitiques de l’époque. Certes, les amateurs du Bond cinématographique ne retrouveront ici que peu d’éléments de la recette concoctée par la famille Broccoli depuis 1963 et « Dr No ». Mais il faut avouer que le personnage de papier n’a jamais eu qu’une lointaine ressemblance avec son alter-ego sur pellicule.

En fait « Solo » est certainement l’un des meilleurs Bond paru depuis la mort de Fleming, Boyd ayant pris la peine de magnifier ce qui constitue la force du personnage (virilité, agressivité, sens de l’honneur, une certaine cruauté) tout en jouant avec intelligence sur les éléments politiquement incorrects (racisme, misogynie, simplisme des enjeux…) pour les adapter aux réalités d’un lectorat du 21ème siècle.

On regrettera juste quelques dérives un rien sentimentales, destinées à rendre le personnage plus « humain »… mais peu crédible en regard de toutes les aventures déjà vécues par cet agent secret au permis de tuer.

Si les ayants droit de Fleming voulaient proposer un second contrat à Boyd, il serait amusant de le voir dérouler l’évolution du personnage dans les années ’70, au cœur d’un monde en pleine mutation… Qui sait ? De toute manière, James Bond reviendra…

Solo de William Boyd, traduit par Christiane Besse, Éditions du Seuil

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