Sous les ruines de Villers

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Avec Sous les ruines de Villers, Véronique Biefnot propose un court roman réservé à ceux qui ne veulent pas nécessairement lire une histoire étalée sur plusieurs centaines de pages. Dans la collection de romans de gare « Kiss and read » des éditions Luc Pire, on découvre une nouvelle facette de la romancière à travers un livre léger, rapide à lire, qui laisse planer un certain mystère et qui se passe dans des lieux bien de chez nous, en Belgique et à Villers-la-Ville en particulier.


Il n’y a pas de points communs entre ce livre et les deux précédents (Comme des larmes sous la pluie, Les murmures de la terre), pas plus qu’il n’y en a avec les nouvelles parues dans le magazine Marginales. Seul le style de l’auteur est reconnaissable.

La romancière nous propose de découvrir Gaya Dewaele, une jeune femme de trente ans, célibataire, qui consacre son existence à travailler. Elle dirige une société qui produit des spectacles. Dès les premières pages, on découvre un personnage qui entretient uniquement des relations professionnelles avec son entourage. Il n’y a aucun lien d’amitié, aucun sentiment, juste des contacts professionnels. On pourrait la comparer à certains personnages de Charles Dickens qui, dès le départ, donnent une image négative d’eux-mêmes et qui évoluent favorablement au fil de l’histoire. Mais lorsqu’on découvre que cette jeune femme a subi un grave accident dans son existence et qu’elle doit en permanence porter un corset pour ses douleurs dorsales, on comprend mieux le désert de Gobi sentimental dans lequel elle s’est ensablée. Ce n’est pas seulement l’œuvre de son excès de travail mais c’est aussi dû à ses problèmes de santé.

Alors qu’elle produit un spectacle à Villers-la-Ville, Gaya découvre une bague dans les sous-sols. Personne ne semble vouloir réclamer l’objet. Un peu plus tard, toujours dans les ruines, Gaya découvre un souterrain qui mène à une salle dans laquelle se trouve une statue inachevée. Cette statue va l’attirer, au point de vouloir revenir la voir à plusieurs reprises. Et chaque fois, la statue est de plus en plus achevée, sans que Gaya ne sache qui est le sculpteur. Les questions qu’elle se pose ne trouvent pas de réponses. C’est l’occasion pour le lecteur de voir des changements dans le comportement de la jeune femme. Elle devient soudain plus sociable, moins distante, plus ouverte à son entourage direct. Le carcan physique et psychologique dans lequel elle est enfermée depuis des années disparait petit à petit. La statue y est pour quelque chose et encore plus l’inconnu qui surgira dans son existence dans une scène plutôt sensuelle qui peut tenir du fantasme pour le lecteur. En tout cas, un moment qui surprend agréablement Gaya. Je laisse au lecteur le soin de découvrir la suite de l’histoire.

Le roman se termine avec la rencontre d’un bel inconnu présenté lors d’une soirée organisée par un membre de l’équipe de Gaya. Véronique Biefnot laisse planer le doute jusqu’au dernier mot de ce roman. Est-ce lui ? Est-ce celui qui a sculpté la statue qui se trouve dans les ruines de Villers-la-Ville ? C’est au lecteur de deviner la suite, car la romancière a volontairement donné une fin ouverte à son histoire. Une chose est certaine, c’est que la jeune femme du début de l’histoire n’a plus grand-chose à voir avec celle de la fin.

Histoire d’amour tintée de mystère ? Histoire d’une reconstruction psychologique ? À un certain moment du livre, on a envie de basculer dans le fantastique. Mais à cause de la fin ouverte, chaque lecteur peut en déduire ce qu’il veut. Seule Véronique Biefnot connait qui est ce mystérieux sculpteur, ou la réponse à qui sont ces deux mains dans l’obscurité qui vont caresser le dos de Gaya alors qu’elle est nue dans les ruines de Villers-la-Ville.

Avec ce livre, on retrouve le domaine de prédilection de Véronique Biefnot qui avant d’être romancière est comédienne et metteur en scène. Les spectacles sont son lot quotidien et elle décrit très exactement les coulisses de ceux-ci. Je me suis amusé lors de la lecture, pensant parfois reconnaitre certains personnages. Mais je ne m’avancerai pas davantage dans cette voie car pour le roman précédent, Véronique Biefnot est déjà parvenue à me faire croire qu’elle avait sillonné la Bolivie. Ceci dit, j’en redemande !

Un conte moderne, un rien sensuel, qui plaira à bon nombre de lecteurs. Encore une fois, la romancière arrive à surprendre le lecteur au moment où il s’y attend le moins. À lire tout simplement. Mais n’oubliez pas, c’est du roman de gare !

Sous les ruines de Villers-la-Ville, Véronique Biefnot, éditions Luc Pire, 2012, 135 pages.

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