7 jours du Talion (Les)

Un père assoiffé de vengeance face au meurtrier de sa fille. Jusqu'où ira la haine ?

La vie tranquille de Bruno Hamel s'effondre le jour où sa fille unique est retrouvée morte. À 7 ans, un 7 octobre. Jasmine a été enlevée, violée, étranglée, et les ténèbres se sont abattues sur son père. Dévoré par la haine et la douleur, Bruno bascule. La police arrête le meurtrier, la machine judiciaire commence son travail, mais pour Bruno ce n'est pas assez. Il kidnappe le monstre et s'enferme avec lui dans un chalet perdu au milieu de la forêt canadienne. Pour lui faire payer la mort de Jasmine, les sévices, l'injustice, jusqu'à la folie. Œil pour œil, et bien au-delà.

Peut-on se faire justice soi-même ?

Vaste débat auquel des millénaires de sociétés humaines n'ont toujours pas réussi à répondre de manière consensuelle et définitive. Il n'y a qu'à lire les commentaires de n'importe quel fait divers sanglant pour s'en assurer. La question sert de nos jours surtout à  pondre des sujets pour le bac philo et des navets hollywoodiens avec Liam Neeson.

Il s'agit d'un thème très très risqué en fiction, qui peut vite tourner au désastre s'il est mal traité. Ici, Patrick Senécal avait mis toutes les chances de son côté : un viol et meurtre de fillette assuré d'attirer l'empathie des lecteurs, une intrigue originale et intéressante, la possibilité de se pencher sur l'aspect sociétal de l'histoire (avec les camps qui se forment pour ou contre les actes de Bruno Hamel).

Malheureusement, si le roman démarre vite et fort, le soufflé retombe rapidement. Les personnages sont caricaturaux et pas assez fouillés. Les flics sont incultes et plutôt stupides, la mère est à peine effleurée. La complaisance voyeuriste des scènes de torture instaure un climat malsain, mais pas pour les bonnes raisons. De plus, de nombreuses longueurs (descriptions inutiles de chacun des actes de Bruno) et redites plombent le rythme (le nombre de bières avalées, les ténèbres et le voile visuel...).

Au bout du compte, on s'ennuie presque entre deux nausées de scènes de violence. Dommage, l'histoire aurait pu être brillante sous forme de texte plus court, nouvelle ou novella. L'auteur s'essouffle à vouloir tirer un roman de 377 pages là où une cinquantaine auraient offert un petit bijou très noir.

Pour finir, j'ai trouvé la fin inaboutie et insatisfaisante. De ce que j'ai pu lire ici et là, ses autres romans sont excellents. Je retenterai donc, une fois que la déception de celui-ci sera effacée.

Les 7 jours du Talion de Patrick Senécal chez Pocket, ISBN 978-2-266-29306-8, Prix 7,60 €