40 ans, trop jeune pour mourir

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Journaliste, éditrice, Marie- Paule Eskénazi a plus d'une corde à son arc. Elle signe ici son troisième roman dans lequel elle n'hésite pas à dévoiler son combat contre le cancer.

 

Marie-P., atteinte d’un cancer du sein, a quarante ans. Trop jeune pour mourir ! Lassée des opérations, des médicaments, des contraintes, elle décide d’attendre le traitement qui devrait lui permettre de vivre comme avant. Comment ? En entrant, vivante, dans un congélateur.

Comment en sortira-t-elle vingt ans plus tard ?

Entretemps, sa disparition mystérieuse entraîne une dénonciation anonyme. Y aura-t-il enquête ?

Ce roman aborde une réalité qui concerne en Belgique une femme sur huit, le cancer du sein, avec détachement, réalisme et traits d’humour. Un hymne à la vie.

 

Le cancer, ce mot maudit, ce mot qui terrifie, ce mot qu'on élude par des périphrases plus effrayantes encore à mon sens "douloureuse et longue maladie", "cruelle affection"... Cela me rappelle une réplique des Dents de la mer de Steven Spielberg, Le maire d'Amity dit au chef Brody alors que celui-ci veut fermer les plages : "Vous criez Barracuda, tout le monde dit hein ? quoi ? Vous criez requin et c'est la panique générale"... Il en va de même pour les maladies : vous parlez de certaines affections et les gens sont compatissants , vous parlez de cancer et ils vous fuiraient presque comme la peste.  Le mot cancer fait peur, il faut cacher ce mal comme s'il était honteux ;  les spécialistes ne sont plus des cancerologues mais des oncologues. Aucune maladie ne semble autant créer une telle terreur. Dans son roman, Marie-Paule Eskénazi évoque les réactions de l'autre, la fuite, la gêne, la crainte de toucher le malade de peur d'être contaminé. Pire, la peur de cotoyer le patient comme si le mal s'abattait sur l'entourage, mâlin comme il est... 

C'est toujours difficile de lire des textes sur la maladie, la mort possible, l'atteinte du corps, la diminution... Mais Marie-Paule Eskénazi a su l'aborder par un angle très original. Refuser la maladie, refuser la perte de soi en entrant en congélation comme on entre en sommeil, comme on entre en coma artificiel pour échapper à la douleur, la sienne mais aussi celle infligée aux autres, échapper au regard des autres. Alors l'espoir habite tout entier ce corps et ce cerveau qui souffrent. L'espoir de se réveiller en des temps bénis où le cancer ne sera plus qu'un mauvais souvenir aussi facile à guérir qu'une simple infection. L'espoir de continuer à exister claquemurée dans ce sarcophage glacé, continuer à exister pour ses proches, pour soi aussi surtout pour soi. En parallèle de cette étrange décision, nous suivons le parcours d'une jeune policière Andrée de. à qui une lettre anonyme signale la disparition/non disparition de Marie P.  Nous lecteurs, nous croyons alors qu'une enquête va s'ouvrir et que cette Andrée de. va retrouver la mystérieuse cloîtrée... Que nenni ! L'intervention de cette jeune femme est l'hymne à la vie de ce curieux roman : nous assistons à l'explosion éclatante de cette vie, une vie d'une banalité rafraichissante faite de travail, d'amour, de naissance, de promotions... La Vie avec un grand V, celle qui court au dehors du congélateur, celle où l'on s'inquiète pour la surgelée sans s'inquièter tout à fait. 

Ces deux existences se font écho en permanence, l'une en suspens, en attente de renaissance et l'autre en constante évolution sans réelle surprise ni réel enjeu.. La Vie dans sa plus grande simplicité, cette Vie à laquelle Marie-P. aspire à revenir. La fin est... chut chut chut j'allais en dire trop... une belle surprise de la Vie, vous n'en saurez pas plus... 

 

40 ans, trop jeune pour mourir par Marie-Paule Eskénazi , illustré par Igor Stepovik, Academia L'Harmattan, ISBN 9782806103666

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