Des images et des bulles

Derec Finn ne peut comprendre ce qui l’a poussé dans les bras de Rhéa Davenham. Hier, lors de l’émeute des Mohais, tous deux faisaient l’amour. Un instant d’ivresse et de sueur, au milieu d’un océan de folie, de cris et de haine. Leurs corps mélangés ne formaient plus qu’un. C’était étrange, fou et si... merveilleux. Mais comment, eux, membres de cette unité grise qu’est l’Intersection 55, ont-ils pu céder à de telles pulsions ? Ils ne sont pas seuls, cependant. Kess et Jack sont retrouvés nus, enlacés dans une mer d’orties. Jak est mort de ce moment si délicieux.

Voici une bande dessinée de science-fiction qui nous rappelle curieusement l’époque des Dan Dare, Jet Logan ou Captain Condor. De la vraie, de la pure science-fiction avec un gout rétro d’il y a un demi-siècle. Avec tout de même une sérieuse différence, c’est qu’il s’agit d’une uchronie. Et que ce serait-il passé si l’Angleterre s’était emparée des savants allemands qui se trouvaient à Peenemünde ? Et que la base de Peenemünde soit détruite avant que les Américains et les Russes n’y accèdent ?

Une nuit, Harper Colin, acteur vedette de snuff movies, s’introduit sous l’œil des caméras dans une maison et tire sur un couple en laissant derrière lui une rose rouge à leur fille. Six ans plus tard, Léa devenue lycéenne tente d’oublier cette nuit cauchemardesque, en faisant de brillantes études, jusqu’à ce qu’elle découvre avec effroi une rose dans son casier. On entre ici dans un monde où les snuff movies sont tolérés, où la réalité et la fiction ne font parfois qu’un, et où la violence et le voyeurisme font partie du quotidien (pas si éloigné du nôtre).

Le commissaire Mornières est du genre discret. Il aime son boulot, le fait à fond et n’apprécie guère les décisions hâtives de son collègue. Derrière ce petit bonhomme paisible, se cache une vie de famille exécrable. Sa femme se prostitue pour payer le loyer, son fils s’enferme dans sa chambre et refuse de parler à qui que ce soit. Edouard Mornières n’est pas le seul à connaître cette situation. De jour en jour, tous les gens de la ville sombrent dans la dépression, la haine, la morosité ou le dégoût. Mais depuis quelques jours, leur attention ne se porte plus sur eux-mêmes.